En 2022, l’UNESCO a lancé la Décennie des langues autochtones (2022-2032). L’objectif : préserver, revitaliser et promouvoir les langues autochtones du monde entier.
Il y a un peu plus d’un an, nous avons parlé ici de ce qui menace les langues autochtones, de leur importance pour le développement durable et les droits de la personne, et du travail réalisé par la Commission canadienne pour l’UNESCO (CCUNESCO) avec les peuples, les communautés et les organismes autochtones pour aider à préserver et revitaliser ces langues. (Voir Se mobiliser pour préserver, revitaliser et promouvoir les langues autochtones.)
Maintenant, nous aimerions faire un résumé des principales activités entreprises par la CCUNESCO durant la deuxième année de la Décennie internationale des langues autochtones.
Mais d’abord, rappelons l’importance de la mission : les langues sont des piliers de l’identité et de la culture autochtones. Lorsqu’une langue disparaît, c’est toute une façon de voir le monde et d’interagir avec lui qui disparaît, sans parler des connaissances précieuses sur l’environnement et le développement durable. Malheureusement, près de 40 % des langues existantes sont menacées de disparition, et les plus à risque sont souvent des langues autochtones. La CCUNESCO, avec la collaboration et le soutien de son groupe de travail sur la Décennie internationale des langues autochtones, est déterminée à appuyer les initiatives nationales et internationales visant à protéger, à préserver et à revitaliser ces langues.
Considérer les langues comme des voies vers le développement durable
En juin, nous avons participé au festival KWE! pour y présenter un atelier sur les voies vers le développement durable qui met en avant les langues et savoirs autochtones. Organisé chaque année à Québec, KWE! est un événement culturel majeur qui donne l’occasion aux Autochtones et aux non-Autochtones d’interagir, d’apprendre et d’échanger. Ainsi, le festival contribue à sensibiliser le public aux besoins et aux réalités des Premières Nations et des Inuits.
En mai, la CCUNESCO et l’Acfas ont collaboré avec des partenaires autochtones afin d’examiner les liens entre la diversité linguistique et le développement durable. L’Acfas est un organisme à but non lucratif contribuant à l’avancement des sciences au Québec, dans la francophonie canadienne et sur la scène francophone internationale. La CCUNESCO a organisé une séance avec les panélistes Mariam Wallet Aboubakrine et Nigel Crawhall dans le cadre du 90e Congrès de I'Acfas, une semaine d’événements, de colloques et de discussions à laquelle ont assisté près de 6000 participantes et participants du Canada et de l’étranger.
En novembre, nous avons publié un article de Mariam Wallet Aboubakrine intitulé Ărramăt – Perspectives autochtones du développement durable. Il présente les liens entre les objectifs de développement durable (ODD) et les langues autochtones, en se basant sur des exemples de l’ODD 3 (bonne santé et bien-être pour tous) et de l’ODD 4 (éducation de qualité). Il examine aussi le rôle central des femmes autochtones dans la transmission des savoirs traditionnels autochtones par la langue.
Défendre les droits linguistiques
Au printemps, le groupe de travail a répondu à Justice Canada, qui avait demandé des recommandations quant aux moyens de mettre en œuvre la Loi sur la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones (DNUDPA). Il a ainsi fourni des recommandations sur la mise en œuvre des articles de la Déclaration relatifs à la langue et à la culture.
Les recommandations ont été formulées lors d’une table ronde entre les membres du groupe de travail et Archipel, un cabinet de consultation détenu et dirigé par des femmes autochtones. Elles portaient sur des thèmes comme l’équité, la santé, les médias et la technologie, l’éducation, la sphère publique et la reddition de comptes.
En septembre, la CCUNESCO a participé au premier Forum sur les droits linguistiques des Premières Nations au Québec. Organisé par le Comité régional sur les langues ancestrales, le forum avait pour objectif de mobiliser les savoirs et de favoriser le partage de connaissances entre Premières Nations sur les droits inhérents, dont les droits linguistiques. Des leaders et chefs de gouvernements des Premières Nations ainsi que des défenseuses et défenseurs des langues autochtones ont ainsi eu l’occasion de faire part de leur vision de la protection et la revitalisation des langues.
Reconnaître les passeuses culturelles et passeurs culturels
Les passeuses culturelles et les passeurs culturels sont des personnes – notamment des Aînées et Aînés, des gardiennes et gardiens du savoir, des éducatrices traditionnelles et des éducateurs traditionnels – qui, par le rôle qu’elles et ils jouent dans les communautés des Premières Nations, inuites et métisses et par leur pratique artistique et créative, contribuent à préserver et à transmettre les visions du monde, les pratiques culturelles et les traditions autochtones. En 2023, le Conseil des arts du Canada, en collaboration avec la CCUNESCO, a récompensé quatre personnes provenant de différentes Nations au Canada pour leur travail de préservation, de réappropriation, de revitalisation et d’enseignement des langues autochtones. Pour en savoir plus sur les lauréates et lauréats de la Distinction honorifique pour passeuses culturelles et passeurs culturels, lisez le billet de blogue du Conseil, Célébrons l’amour des langues autochtones.
Soutenir les médias autochtones
En avril, la CCUNESCO a organisé deux événements parallèles durant la 22e Instance permanente de l’ONU sur les questions autochtones : le premier portait sur les liens entre les langues autochtones, la culture et la santé des personnes et du territoire (en collaboration avec l’initiative Speak Indigenous de la University College of the North) et l’autre, sur le droit des peuples autochtones de mettre en place leurs propres médias dans leurs propres langues. Pour ces deux événements, la CCUNESCO s’est associée à l’UNESCO, Grist, l’Indigenous Journalists Association et Whakaata Māori (télévision maorie). Les deux événements ont fait l’objet d’un reportage de la CBC.
Favoriser la coopération internationale entre les défenseuses et défenseurs du territoire
En août, la CCUNESCO a participé à un échange culturel à Nemiah Valley, dans le centre de la Colombie-Britannique, entre la Nation Tŝilhqot’in (prononcé sill-ko-teen) et une délégation de Samis de la Suède. Les Samis sont un peuple autochtone vivant dans la région de Sápmi (Laponie), qui comprend un vaste territoire au nord de la Norvège, de la Suède, de la Finlande et de la Russie. Durant la rencontre, des représentantes et représentants autochtones des deux nations ont discuté de leurs points communs et des défis posés par les projets de développement externes comme l’exploitation minière et forestière. La Commission a également animé un atelier sur le lien entre la langue et le territoire et la manière dont les langues autochtones peuvent orienter les politiques de développement et de conservation. Les Samis et la Nation Tŝilhqot’in prévoient de poursuivre leur coopération, leurs apprentissages et leurs échanges. Visionnez le documentaire écrit et réalisé par Helen Haig-Brown sur l'échange.
Apprendre des gardiennes et gardiens du savoir
Enfin, vers la fin de l’année, la CCUNESCO a produit une vidéo intitulée Réflexions sur la Décennie internationale des langues autochtones. Filmée à Ottawa lors du lancement de la Décennie internationale, la vidéo présente des entrevues avec six personnes autochtones influentes provenant de différents horizons et de différentes nations. Elles abordent notamment les liens entre la langue et le territoire et la manière dont les langues autochtones peuvent nous aider à trouver des solutions pour vivre en harmonie et de manière durable avec la Terre mère.
Continuons sur notre lancée! Nous avons fait des progrès au cours des deux premières années de la Décennie, mais nous savons qu’il reste beaucoup à faire. C’est pourquoi nous déploierons de l’énergie et des efforts durant la troisième année pour aider notre formidable groupe de travail à poursuivre son travail de sensibilisation à l’importance des langues autochtones, de la transmission des connaissances, de la mobilisation des ressources et de la collaboration avec des personnes, communautés et organismes autochtones afin de promouvoir la protection, la préservation et la revitalisation des langues autochtones. Nous avons hâte de voir ce que nous accomplirons ensemble durant la prochaine année!