La terre comme école :
comprendre l’apprentissage autochtone inspiré de la terre
21 juin 2021
Conception graphique par Spruce Creative Inc.
L’apprentissage autochtone inspiré de la terre a des répercussions sur la science, la culture, la politique, la langue, l’intendance environnementale, les droits territoriaux, la réconciliation -- et l’avenir de la planète.
Pour mieux comprendre ce qu’est l’apprentissage autochtone inspiré de la terre, il faudrait d’abord déterminer ce qu’il n’est pas. Si vous pensez d’emblée à « des salles de classe à ciel ouvert » ou à « l’école en plein air », et voilà, c’est si simple : ce n’est pas ça. Du moins, ce n’est pas tout, loin de là. Concept aux multiples facettes, l’apprentissage autochtone inspiré de la terre ne se laisse pas définir en une simple phrase, et son sens change selon les personnes. Elle comporte plusieurs dimensions comme l’importance de la langue et de la géographie des récits, la cosmologie et la conception du monde, la protection du territoire et les droits territoriaux, l’interrelation et la responsabilisation, les relations et la réconciliation, et bien plus encore.
Les communautés autochtones peuvent bénéficier de ce modèle, car il donne accès à une éducation adaptée sur le plan culturel, favorise l’échange de connaissances intergénérationnel et crée des espaces sûrs, propices à la guérison et à l’apprentissage. Et en changeant le rapport que bien des non-Autochtones ont avec la terre, il pourrait nous amener à rendre la planète plus saine pour tous.
Dre Amy Parent, Noxs Ts'aawit, est une Nisga’a de Nass Valley dans le nord-ouest de la Colombie-Britannique. Elle se définit comme une étrangère sur le territoire des Premières Nations Squamish, Tsleil-Waututh et Musqueam. Professeure adjointe au département des sciences de l’éducation de l’Université de la Colombie-Britannique, elle croit que l’apprentissage autochtone inspiré de la terre est un processus qui gravite autour des valeurs – respect, réciprocité, déférence, humilité et responsabilité – qui sont liées à la terre par les savoirs autochtones. Nous sommes donc très loin de la vision eurocentriste, où la terre est depuis longtemps considérée comme une ressource ou un objet au service des humains, souvent au détriment du monde vivant. Par sa nature même, l’apprentissage autochtone inspiré de la terre est à même d’amorcer une transformation qui permettrait à tous les Canadiens de comprendre comment les systèmes éducationnels, économiques, sociaux et politiques renforcent le colonialisme.
Ou plus simplement, comme le dit Parent, ce modèle nous apprend que la terre n’est pas une ressource, mais plutôt « une chère bien-aimée, une proche vénérable qui traverse une crise à l’heure actuelle. »
Alex Wilson, de la Nation crie d’Opaskwayak, est à la tête du programme d’études supérieures en apprentissage autochtone inspiré de la terre à l’Université de la Saskatchewan. Pour elle, ce mode d’éducation est relationnel; il s’agit de comprendre que la connaissance vient de la terre et lui est reliée; elle vient également de l’eau, du ciel et de tout ce qui en fait partie.
« L’apprentissage autochtone inspiré de la terre est à la fois modèle et paradigme; elle se base sur les conceptions et les croyances autochtones ainsi que sur la transmission des savoirs d’une génération à l’autre, dit-elle. C’est aussi une façon de comprendre où est notre place dans ce grand univers et quelles sont nos responsabilités envers lui. »
Selon Wilson, la classe extérieure, ou simplement le fait d’organiser des activités en plein air, est à une extrémité de ce continuum qu’est l’apprentissage inspiré de la terre (avec la composante autochtone en moins). Cela dit, si le fait de se trouver à l’extérieur est évidemment essentiel pour mieux connaître la terre, cela n’est pas suffisant. À partir de là, le continuum s’élargit, valorisant de plus en plus le rôle de la transmission des connaissances sur la terre pour le développement de citoyens du monde qui prendront soin de la planète. Il y a également dans ce continuum une place pour l’éducation axée sur le lieu. Toutefois, celle-ci concerne surtout l’endroit, et pas nécessairement les connaissances spirituelles et culturelles qui s’y rapportent ou qui s’y sont créées.
À l’autre bout de ce continuum, là où l’apprentissage autochtone inspiré de la terre s’entend au sens le plus profond et le plus large qu’il est possible de lui donner, on peut contextualiser les connaissances issues de la terre, mais aussi d’une nation donnée, croit Alex Wilson. Est alors englobée la préservation de la culture, de la langue et de la philosophie, et sont mises à bas les ramifications de la colonisation et de l’épistémicide, soit la rupture des systèmes de connaissances autochtones, conséquence de politiques destinées à limiter ou arrêter l’accès à la nourriture, aux lieux sacrés, à la culture et à la langue.
Dans une même optique, Chris Googoo, un membre de la Première Nation de We’koqma’q, qui habite présentement à Millbrook en Nouvelle-Écosse, souligne que les Aînés ne sont parfois même pas conscients que leurs récits enseignent une science. Il parle de l’importance de reconnaître que la colonisation a contribué à supprimer cette conscience.
« Si on voulait transmettre des connaissances qui allaient à l’encontre de certaines valeurs du monde scientifique ou de certaines idéologies – le catholicisme étant celle qui prédominait –, ces savoirs étaient considérés comme une forme de blasphème, dit-il. Soit on nous ignorait, soit on nous réprimandait. Nos Aînés ont donc appris à ne pas transmettre leurs connaissances. Ce dont on a besoin maintenant, c’est de créer un environnement qui soit non seulement sûr et propice à la guérison de ce que les parents et grands-parents ont vécu, mais aussi propre à raviver ces souvenirs, ces récits, cette science qui sont le fruit de milliers d’années de recherche dans le laboratoire de la vie. »
L’importance de la langue et des récits
En tant que chef de l’exploitation d’Ulnooweg, qui offre une assistance en développement économique et communautaire dans le Canada atlantique, Chris Googoo cherche à illustrer les valeurs des personnes qu’il représente par l’être et les savoirs, la culture, les traditions et la langue, dans tous les projets que Ulnooweg mène. Il estime que le caractère régional est une composante essentielle de l’apprentissage autochtone inspiré de la terre.
« Les personnes qui viennent d’ailleurs ne peuvent parler de nos connaissances autochtones issues de notre région à nous, et nous ne pouvons pas non plus parler des leurs, dit-il. La composante autochtone de l’apprentissage inspiré de la terre est régionale. »
Cette régionalité est ancrée dans la langue et la géographie des récits. C’est un sujet qui intéresse particulièrement Thomas Johnson, le directeur général de l’Eskasoni Fish and Wildlife Commission en Nouvelle-Écosse, qui est aussi membre du groupe de l’initiative sur la langue Eskasoni Mi’kmaw. Johnson estime que les véritables savoirs autochtones inspirés de la terre sont imbriqués dans la langue et dans les récits transmis par les ancêtres.
« La narration est une technique ancienne pour retenir l’information. C’est aussi un élément important des traditions autochtones, explique-t-il. C’est essentiel pour nous de parler de ces récits des temps anciens, qui étaient destinés à être contés en langue autochtone, car si nous ne le faisons pas, ils vont disparaître. »
Dans un document de réflexion à l’intention de la Commission canadienne pour l’UNESCO, intitulé La géographie des récits, Johnson explique ce qui se produit quand se perd le lien entre culture, territoire et langue. Il parle notamment de l’histoire de Kluskap, une légende des Mi’kmaq qui raconte les voyages de celui qui était considéré comme un professeur par ce peuple. Il existe plusieurs versions de ces récits; le document de Thomas Johnson présente celle du Cap-Breton qui décrit la traversée du lac Bras d’Or, une mer intérieure située dans cette région de la Nouvelle-Écosse.
Difficile de faire honneur à ce conte en le résumant succinctement. Disons simplement que le récit parle des aventures de Kluskap, qui le mènent face à des formations géologiques remarquables ou conduisent à leur création : une cave, un archipel de cinq petites îles, un énorme rocher sur littoral et des escarpements rocheux. Ces endroits ont tous reçu des noms Mi’kmaq liés aux événements dans le récit, comme Petawlutik (Table Rock) où Kluskap s’est attablé pour souper, ou Pli’kan (Cap Split) où Kluskap utilise sa pagaie pour creuser un canal, formant ainsi le bassin Minas dans la baie de Fundy.
Johnson écrit que même si la langue Mi’kmaw a été façonnée et créée par ces paysages, certains des mots dans les récits de Kluskap restent inconnus de beaucoup d’aînés et de personnes de la région. Le fait de s’éloigner de la terre a conduit à la perte de la langue, et c’est ce qui est réellement nécessaire pour maintenir une relation réciproque et un sentiment d’interdépendance.
« La perte de la majorité de nos orateurs est une conséquence directe de ce qui se passe lorsqu’il y a déconnexion entre la langue autochtone et la terre. », dit-il.
L’apprentissage autochtone inspiré de la terre cherche à rétablir ce lien en ravivant la relation réciproque entre les peuples autochtones et la terre. Il englobe différentes formes d’apprentissage : sur le territoire, sur l’histoire du territoire et sur la façon dont les Premières Nations, en tant que groupe, ont interagi avec ce territoire. En fait, selon Thomas Johnson, ces concepts sont si étroitement interreliés qu’il fut un temps où l’on n’avait pas besoin de l’appeler un apprentissage. « C’était juste un mode de vie. Vous le viviez au quotidien. Vous ne vous rendiez même pas compte que vous vous faisiez éduquer. Vous ne faisiez qu’un avec la nature. Il y avait un amour et un respect profonds pour la nature et tout ce qu’elle a à offrir. »
C’est politique
Selon Amy Parent, il est essentiel, pour comprendre ce modèle d’apprentissage inspiré de la terre, de reconnaître les liens qui l’unissent avec la langue.
« Nous avons été mis sur une terre qui nous ressemble et nous avons reçu une langue qui ressemble à cette terre, avec des mots pour la décrire, elle et tous les êtres qu’elle abrite », dit-elle en mémoire de feu Woody Morrisson des Haïdas, qui fut le premier à s’exprimer ainsi. « Woody disait que chaque terre a sa propre magie. Si vous avez un nom dans cette langue, la terre et les arbres vous reconnaissent sous ce nom. Le nom de l’âme est un nom, et le vent l’emporte vers les sommets des plus hautes montagnes et par-delà les eaux. »
De ce fait, elle estime que l’action de nommer est indissociable de l’apprentissage autochtone inspiré de la terre : la régionalité – ce qu’Amy Parent désigne par « caractère local » – est essentielle.
Pour ajouter à cette complexité, cette forme d’éducation implique aussi, inévitablement, ce qu’elle appelle « des conversations très malaisantes » sur les rapports difficiles que les Canadiens ont avec la violence coloniale, la dégradation de l’environnement, la dépossession des peuples autochtones de leurs terres ancestrales et la perpétuation du génocide culturel. C’est pour elle une invitation à « nous engager dans un dialogue sur les revendications territoriales, la réparation, la souveraineté et les pouvoirs autochtones (ou la souveraineté canadienne sur les terres autochtones volées) tout en favorisant des pratiques axées sur la terre qui feront du bien à la Terre mère. »
Elle ajoute que ce processus s’imbrique avec la langue et les noms de lieux. Par exemple, en Colombie-Britannique, la majorité du territoire n’a jamais été cédée, « et pourtant, le paysage a été violemment retracé, redessiné, et renommé avec de nouveaux toponymes qui soulignaient la gloire des empires européens et des présumées “bonnes actions” accomplies par leurs patriarches ancestraux. Ces toponymes bâillonnent les noms autochtones et les effacent des annales, des documents et de la mémoire collective du Canada. Ils redéfinissent la terre sous la loupe de l’eurocentrisme en la faisant objet et ressource. »
En comparaison, les toponymes autochtones livrent un puissant témoignage de la présence continue des Autochtones, reflétant leurs lois, leur histoire, leur gouvernance et leur souveraineté depuis des temps immémoriaux. C’est ce qui est préconisé dans la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, dans le rapport final de la Commission de vérité et réconciliation et dans les appels à l’action de la Commission, qui insistent sur le devoir de l’État de fournir une éducation laissant place à la souveraineté autochtone.
« Et nous savons que le lien est très fort entre le rétablissement des toponymes autochtones et la revitalisation des langues et de la culture autochtones. »
Liens de parenté, protection de la terre et responsabilité
L’un des grands bienfaits mondiaux de l’apprentissage autochtone inspiré de la terre pourrait être le pouvoir qu’il a de nous amener à mieux protéger l’environnement, en changeant les rapports des populations avec la terre. C’est là un changement qui pourrait être déterminant pour un monde aux prises avec les changements climatiques, l’extinction de la biodiversité et la dégradation importante et constante de l’environnement.
Alex Wilson estime par exemple que l’apprentissage inspiré de la terre fait partie de l’éducation sur les changements climatiques, et cela touche nécessairement les relations et la responsabilisation. « La protection de la terre est absolument colossale dans tout cela. Si vous comprenez – par vos liens de parenté ou par la façon dont la langue est structurée – que la terre ou les animaux sont littéralement liés à vous, vous aurez une relation différente avec la terre : une relation familiale où la protection joue un rôle essentiel. Je crois que c’est très important. »
Chris Googoo précise que l’idée est de créer un sentiment d’harmonie et un lien profond avec la Terre, une idéologie qui transcende la simple religion. « Je parle plutôt de mots comme l’intuition, le sixième sens, la connexion intime avec la Terre mère. C’est “là”, sans que vous puissiez vraiment le comprendre, car c’est difficile de comprendre une démarche scientifique millénaire. »
Le lien avec la réconciliation
Chris Googoo fait un lien entre ces idées et la réconciliation en prenant l’exemple d’une personne qui va en forêt et serre un arbre dans ses bras : pour comprendre parfaitement l’expérience, il faut des connaissances occidentales et autochtones.
« Vous sentirez l’énergie de l’arbre. Il y aura des réactions chimiques et électriques qui vont vous lier à lui. Nous l’avons observé, et ça a été prouvé scientifiquement. C’est ça pour moi, la double vision. », dit-il en faisant référence à Etuaptmumk, un concept Mi’kmaq qui consiste à voir les choses de deux perspectives différentes pour arriver à un terrain commun.
« Je pense d’ailleurs que c’est une manière de valider les deux points de vue : la science confirme les savoirs autochtones, et les savoirs autochtones confirment la science. Je suis convaincu que c’est là que s’opère la véritable réconciliation : quand l’un respecte les connaissances de l’autre. Nous avons une foule de théories qui ne sont pas encore acceptées, mais on commence à nous demander de mettre nos connaissances à contribution dans l’éducation publique. »
L’apprentissage inspiré de la terre favorise la réconciliation en ravivant les langues et les cultures risquant la disparition, en enseignant l’histoire des pensionnats aux étudiants, en amenant ces derniers à développer par eux-mêmes un lien avec la terre et en les outillant pour qu’ils puissent la protéger et se battre pour elle. Selon Googoo, c’est une occasion pour les peuples autochtones de « revendiquer et reprendre » leurs terres traditionnelles, seulement en étant à l’extérieur.
« C’est comme si vous plantiez un drapeau, mais c’est plutôt un arbre que vous plantez; vous redonnez à Mère Nature les fruits qu’elle offrait au départ. Cela va de pair avec la nécessité que nous faisons valoir de respecter les traités et les territoires traditionnels, non seulement au Canada atlantique, mais partout ailleurs. C’est une incroyable occasion de faire comprendre aux populations autochtones, mais aussi aux non-Autochtones, le rôle d’allié et les relations découlant des traités. »
Bien que la réconciliation soit avant tout la responsabilité du colonisateur, les efforts autochtones pour avancer dans la décolonisation remettront nécessairement en cause la domination de la pensée occidentale, notamment celle sur la terre. La colonisation, selon Alex Wilson, a imposé des systèmes binaires qui doivent être démantelés pour permettre le progrès. Elle donne un cours sur l’apprentissage inspiré de la terre dans une optique queer à l’Université de la Saskatchewan, où elle traite de ces idées, qu’elle a pu cerner en voyant, dans ses recherches et ses expériences d’enseignement, les gens reproduire systématiquement des schémas issus du colonialisme (mais à l’extérieur) dans leurs pratiques axées sur la terre. Elle s’est alors rendu compte qu’il fallait chercher à comprendre comment utiliser l’apprentissage inspiré de la terre pour démonter les systèmes binaires imposés par la colonisation. »
« C’est là que le facteur queer entre en jeu. Ce n’est pas qu’une simple question d’inclusivité de la communauté LGBTQ2S+, même si cela en fait partie. Mais c’est aussi de comprendre que, puisqu’il y a une telle diversité dans la nature, pour toute idée binaire qui naît dans l’esprit humain, on peut certainement trouver quelque chose dans la nature qui viendra l’invalider ou la rendre queer. J’utilise l’expression “rendre queer” plutôt que “décoloniser” pour centrer la démarche sur quelque chose de positif – comme le queer – plutôt sur la colonisation et les efforts pour la défaire. Cette approche est créatrice, régénératrice et axée sur la vie plutôt que sur sa destruction. »
Regard vers l’avenir
Même si l’apprentissage inspiré de la terre n’est pas encore offert partout dans les écoles du pays, surtout dans les centres urbains, l’intérêt pour ce modèle est grandissant. Alex Wilson explique que plusieurs conseils scolaires – surtout dans les Territoires du Nord-Ouest et le nord du Manitoba, de la Saskatchewan et de l’Alberta – commencent à l’offrir sous différentes formes. Il y a plusieurs exemples d’écoles et de systèmes scolaires entiers qui placent les connaissances axées sur la terre au centre de leur programme de base.
L’apprentissage autochtone inspiré de la terre a le potentiel de créer une nouvelle génération de citoyens canadiens jamais vue, immergée dès le plus jeune âge dans une vision du monde fondée sur le respect. C’est un exemple positif de ce que le futur pourrait nous réserver dans le contexte difficile des bouleversements environnementaux mondiaux.
Récemment, Amy Parent, en tant que codirectrice facultaire du programme de maîtrise en éducation de Sḵwx̱wú7mesh Úxwumixw, a pu collaborer avec plusieurs leaders Sḵwx̱wú7mesh. Leur contribution a conduit à la création de Aya7ayulh Chet (Cultural Journeys), un projet pour les élèves de la maternelle à la sixième année à Squamish, en Colombie-Britannique, qui gravite autour de l’apprentissage autochtone inspiré de la terre. Ce programme est le fruit d’une collaboration entre la nation Sḵwx̱wú7mesh, le conseil scolaire Sea-to-Sky et le comité de parents de la Stawamus Elementary School. L’école, favorable aux pratiques éducationnelles inspirées de la terre en langue Skwxwú7mesh, accueille également des élèves non autochtones.
« Nous formons des citoyens canadiens comme on n’en a jamais vu avant, dit Joy Joseph-McCullough, directrice adjointe de l’éducation pour la nation Sḵwx̱wú7mesh, qui a grandement contribué à la création d’Aya7ayulh Chet (Cultural Journeys). Les élèves développeront une compréhension et une empathie qu’ils garderont dans leur esprit et leur cœur grâce aux enseignements culturels et spirituels qu’ils acquièrent de la terre. Leur vision sera nouvelle. Imaginez ce qui se passera si l’un d’eux se lance en politique et devient premier ministre du Canada. »
Joseph-McCullough raconte ce que la mère d’un petit garçon du programme, cheveux roux et taches de rousseur au visage, avait dit à l’enseignante culturelle, Charlene Williams. Son fils lui avait expliqué : « c’est comme ça qu’on fait les choses quand on est Sḵwx̱wú7mesh, maman ». Sa mère s’était inquiétée, car son fils s’exprimait comme s’il était un Sḵwx̱wú7mesh, alors que pour elle, ce n’était pas le cas.
« Elle ne savait pas comment dire à son enfant qu’il n’était pas Sḵwx̱wú7mesh. »
Face à cette situation, Joseph-McCullough voulait absolument aider cette femme, sachant que l’apprentissage inspiré de la terre était nouveau. Elle se rappelle avoir conseillé la famille : « La culture, c’est ce qu’on pratique, et votre garçon pratique la culture Sḵwx̱wú7mesh. Cette culture est donc maintenant sienne. Nous n’avons pas à la lui enlever. Il peut cheminer ainsi et ensuite tirer ses propres conclusions avec le temps. »
Un peu plus tard, la mère a rappelé, disant que son garçon était tellement imprégné de la culture Sḵwx̱wú7mesh que tout ce qu’il voulait pour Noël, c’était un panier tressé en écorce de cèdre.
« Elle a demandé à quelqu’un du personnel de lui apprendre comment faire, pour qu’elle puisse offrir à son fils le cadeau qu’il désirait », rapporte Joy Joseph-McCullough.
D’après Alex Wilson, en fin de compte, la meilleure façon de comprendre l’apprentissage autochtone inspiré de la terre est de le voir comme une façon d’enseigner et d’apprendre qui existe depuis aussi longtemps que les humains eux-mêmes. C’est une approche qui, bien qu’ancienne, revêt une importance grandissante dans notre contexte actuel.
« Au moment et à l’endroit où nous sommes, nous avons l’occasion de profiter de ces connaissances, affirme-t-elle. Si les gens avaient prêté l’oreille aux populations inuites 60 ans plus tôt quand elles ont tiré la sonnette d’alarme sur les changements climatiques, comme les choses seraient différentes aujourd’hui! »