La Commission canadienne pour l’UNESCO s’est engagée à faire progresser le processus de vérité et réconciliation, notamment en menant à bien des projets concrets visant à favoriser la compréhension et le respect mutuels.
Fondamentalement, la stratégie Réconciliation en action consiste à tisser des relations constructives avec les peuples autochtones. Pour ce faire, la Commission canadienne pour l’UNESCO (en collaboration avec le Réseau de recherche sur la conservation communautaire) a appuyé, en 2018, l’Association canadienne des réserves de la biosphère dans le cadre d’un projet de création d’une série de documents de réflexion et de courtes vidéos (de 2 à 5 min) visant à faire connaître des histoires de vérité et réconciliation entre Autochtones et non-Autochtones dans les réserves de biosphère du Canada.
Créées par des personnes intimement liées aux réserves de biosphère, les histoires offrent diverses perspectives intéressantes sur la manière de permettre aux personnes d’établir des relations constructives et de mettre en commun leurs connaissances, dans le respect de leurs différences culturelles. Dans leurs propositions, les auteurs et les créateurs devaient répondre aux questions suivantes :
- Qu’avez-vous appris sur les peuples autochtones de votre région?
- Quelles activités ou quels projets avez-vous accomplis pour mieux connaître les peuples autochtones de votre région ou travailler avec eux?
- Qu’avez-vous fait pour démontrer votre respect des peuples autochtones, nouer des relations avec eux ou renouveler vos engagements?
- Qu’est-ce qui a bien fonctionné (astuces, stratégies)?
- À quelles difficultés vous êtes-vous heurté et comment les avez-vous surmontées?
- En quoi vos efforts ont-ils été récompensés?
- Quelles occasions cela a-t-il fait naître?
Voici un bref survol des documents qui ont été créés. Certaines des vidéos ont été produites par TVO. Les équipes de cette chaîne de télévision se sont rendues dans plusieurs régions du Canada pour réaliser un surprenant documentaire en huit épisodes intitulé Striking Balance sur les réserves de biosphère du pays.
La réserve de biosphère du lac Bras d’Or, qui englobe le lac lui-même ainsi que son bassin hydrographique, est située sur l’île du Cap-Breton, en Nouvelle-Écosse. Portant le nom de Mi’kma’ki, elle se trouve sur le territoire ancestral et non cédé du peuple micmac. Ayant pour objet de faciliter une « réconciliation avec la terre, ainsi qu’entre les Autochtones et les non-Autochtones », ce document de réflexion porte sur la gestion en commun de l’environnement. Le projet Bras d’Or Watch constitue un exemple d’une telle collaboration. Il s’agit d’un projet scientifique visant à consolider le lien entre les humains et l’habitat en mettant une tribune à la disposition des citoyens pour leur permettre d’interagir avec l’endroit où ils vivent. L’idée fondamentale de ce projet est que la réconciliation avec la terre est une priorité, car elle permet de raffermir les liens culturels qui unissent les Autochtones et les non-Autochtones en les faisant travailler à l’atteinte d’un but commun.
Située sur la côte ouest de l’île de Vancouver, la Réserve de biosphère de la baie Clayoquot est également un organisme caritatif au service des gens de la région. Cherchant une manière de « faire converger les sentiments qui entourent la fête du Canada », ce document porte sur le rassemblement auquel ont pris part, en septembre 2017, plus de 800 habitants et représentants de toutes les communautés de la région de la baie Clayoquot. Ces personnes se sont réunies dans un esprit d’apaisement et de réconciliation en vue de reconnaître leurs points forts, leur histoire commune et leur diversité culturelle. Ce « hišinqʷiił » (un mot Nuu-chah-nulth qui désigne une « réunion à l’intérieur ») a constitué une occasion de progresser dans la bonne direction.
La Réserve mondiale de la biosphère Manicouagan-Uapishka s’étend sur presque l’intégralité de Pessamit Nitassinan, les terres traditionnelles des Innus. Le document porte sur la station Uapishka, « une station de recherche d’un nouveau genre » dont la mission est de stimuler l’acquisition et la mise en commun de connaissances scientifiques et traditionnelles, de favoriser l’intégration socioprofessionnelle des Autochtones (notamment des jeunes) et d’agir en faveur de l’occupation actuelle de Nitassinan. Cette histoire de « recherche et de réconciliation » met en lumière la façon dont la cogouvernance ouvre la voie à une collaboration entre la réserve de biosphère et le Conseil des Innus de Pessamit.
Située sur l’île de Vancouver, la Région de biosphère du mont Arrowsmith se trouve sur le territoire ancestral de sept différentes communautés des Premières Nations. Ayant des frontières communes avec le district régional de Nanaimo, en Colombie-Britannique, elle compte environ 45 000 résidents. Portant sur le modèle de gestion novateur utilisé pour la région, ce document intitulé Working Towards Reconciliation in the Mount Arrowsmith Biosphere Region (La réconciliation en action: en route vers la réconciliation dans la région de biosphère du mont Arrowsmith) décrit de quelle manière la table ronde qui gouverne la région joue un rôle moteur dans le processus de vérité et réconciliation.
La confiance et le respect ne sont pas donnés; ils se gagnent. Nous, participants à la table ronde, travaillons dans le respect mutuel depuis maintenant un peu plus de trois ans. Nous essayons constamment de gagner la confiance et le respect de chacun. Il arrive que la fragilité de nos relations se fasse encore sentir, mais nous nous efforçons de raffermir nos relations et de créer un avenir qui permettra à tous ceux qui se trouvent dans notre région de la biosphère de vivre unis. Chaque réunion à laquelle nous assistons, chaque projet auquel nous participons et chaque visite que nous nous rendons constituent un pas supplémentaire vers la réconciliation. – Tiré de « La réconciliation en action: en route vers la réconciliation dans la région de biosphère du mont Arrowsmith »
La Réserve de biosphère du lac Redberry est la seule réserve de biosphère de la Saskatchewan. Située sur le territoire défini dans le Traité nº 6, elle appartient aux nations Crie, Ojibwée et Assiniboine. Intitulé « astam, pī-pīkiskwātotān » (viens, parlons-nous), ce document raconte une histoire d’amitié, de collaboration, de réconciliation et de recherche en commun de solutions visant à protéger la nature au sein de la réserve. Il explique la nécessité de commencer par tenir compte des connaissances et des perspectives des Autochtones pour mener à bien des projets de gestion de la terre, de planification régionale ou d’atténuation des inondations.
Située dans les Territoires du Nord-Ouest, la Réserve internationale de biosphère Tsá Tué s’étend sur quelque 93 000 km2, ce qui en fait la plus vaste réserve de ce genre en Amérique du Nord. Sur les quelque 700 réserves de biosphère reconnues par l’UNESCO à l’échelle mondiale, celle-ci est également, à ce jour, la seule dont toutes les étapes de développement sont entièrement gérées par des Autochtones. Si cette réserve de biosphère, la première qui soit administrée par des Autochtones, doit encore relever de nombreux défis, elle n’en est pas moins un exemple remarquable de réconciliation en action, notamment en ce qui a trait à la sensibilisation de la population à la puissance et à l’importance de l’eau.
La Réserve de biosphère de la baie Georgienne englobe le plus grand archipel d’eau douce du monde. Se trouvant en territoire Anishinaabek et gérée en partenariat avec les peuples autochtones, elle vise une gestion en commun de l’air, de la terre et de l’eau de ce territoire. Cette histoire nous rappelle que la collaboration dans un esprit de vérité et de réconciliation n’est pas toujours chose aisée, et qu’aucune personne ne peut à elle seule représenter toute l’étendue de nos expériences. Elle documente la progression des gardiens de la réserve sur le chemin de la réconciliation.
La Réserve de biosphère de Riding Mountain s’étend sur quelque 15 000 km2 de forêts et de prairies. Située dans le centre du Manitoba, elle est le lieu de résidence d’environ 30 000 personnes. Il s’agit d’une région riche en lacs, en rivières et en habitats naturels. Intitulée « Not About Garbage » (Bien plus que des déchets), la vidéo explique comment les amitiés nouées entre des Autochtones et des non-Autochtones, ainsi que la découverte de la manière dont ceux-ci et ceux-là appréhendent leur histoire commune, ont permis de jeter les bases d’un projet de collaboration visant à aborder la question d’une décharge désuète et de la gestion des déchets.