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Protection du patrimoine culturel immatériel : les municipalités à l'avant-scène

10 décembre 2019

Peter Kiatainaq et son attelage de chiens de traîneau devant Kangiqsujuaq.

Le Conseil québécois du patrimoine vivant (CQPV) et le ministère de la Culture et des Communications (MCC) du Québec, avec l’appui de la Commission canadienne pour l’UNESCO, viennent de publier la version anglaise de leur guide destiné aux municipalités désireuses de protéger le patrimoine culturel immatériel.

Le patrimoine culturel immatériel englobe bien des choses, y compris les traditions orales, les mets, les chansons folkloriques et les pratiques de guérison traditionnels. Il nous permet de nous relier à notre passé et de cheminer vers un développement durable basé sur la culture.

Or, le patrimoine culturel immatériel est de plus en plus menacé. Le monde devient plus petit, et les diverses cultures et sociétés sont plus entrelacées que jamais. Par conséquent, des éléments de notre patrimoine vivant risquent de sombrer dans l’oubli si nous ne prenons pas des mesures concrètes pour les protéger.

C’est là que la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO entre en jeu et que les intervenants locaux peuvent jouer un rôle important.

Sauvegarder le patrimoine vivant dans le monde entier

Depuis l’établissement de la Convention en 2003, l’UNESCO œuvre à favoriser le patrimoine vivant dans le monde entier en offrant un cadre qui permet de définir, de promouvoir et de revitaliser le patrimoine culturel immatériel. À ce jour, environ 178 pays sont signataires de la Convention.

Bien que le Canada demeure l’un des seuls pays à ne pas avoir encore ratifié la Convention, la Loi sur le patrimoine culturel du Québec comprend des dispositions qui s’inspirent de celle-ci, ce qui fait de la province canadienne une pionnière de la reconnaissance du patrimoine culturel immatériel sur le plan législatif. Récemment, le CQPV et le MCC ont publié un guide, à présent disponible en anglais grâce à l’appui de la Commission canadienne pour l’UNESCO, pour aider les municipalités et les conseils de bande à mieux comprendre le patrimoine immatériel et à prendre des mesures déterminantes pour le sauvegarder et le promouvoir. Le guide propose des stratégies concrètes pour permettre aux municipalités du Québec et d’ailleurs de tirer le meilleur profit de ces outils en vue de contribuer à cultiver notre patrimoine culturel au cours des années à venir.

La Loi sur le patrimoine culturel du Québec définit comme suit le patrimoine culturel immatériel : « le savoir-faire, les connaissances, les expressions, les pratiques et les représentations transmis de génération en génération et recréés constamment et de concert avec les objets et les espaces culturels qui leur sont associés, qu’une collectivité ou un groupe reconnaît comme faisant partie de son patrimoine culturel, et dont la connaissance, la sauvegarde, la transmission ou la mise en valeur présente un intérêt public. »

Pourquoi les municipalités?

Les collectivités, les groupes et les particuliers devraient jouer un rôle prépondérant dans la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel. Les municipalités sont les mieux placées pour collaborer directement avec les pratiquants culturels, les gardiens du savoir et les institutions de mémoire et de culture locaux afin d’accompagner et d’appuyer ces intervenants dans leurs efforts en vue de développer leur patrimoine culturel immatériel.

Le guide à l’intention des municipalités offre des exemples d’initiatives concrètes et de politiques qui peuvent contribuer à mettre en valeur le patrimoine culturel, que cela soit par l’entremise des arts, de l’artisanat, de la construction, de l’agriculture, de la santé, du sport ou des loisirs. Ce guide peut servir de modèle pour d’autres provinces et municipalités dans tout le pays.

Créer des politiques pour développer le patrimoine vivant

Bien que certaines municipalités n’utilisent pas nécessairement le terme « patrimoine culturel immatériel », il demeure vital de prendre ce concept en considération lors de la création de politiques afin d’appuyer les porteurs de pratiques et de traditions patrimoniales.

Les municipalités peuvent également s’assurer que les porteurs et les pratiquants de traditions disposent des outils dont ils ont besoin pour jouer un rôle central dans la perpétuation des éléments de la culture immatérielle. Pour ce faire, elles peuvent offrir des ressources, dont du soutien financier, aux organismes et aux groupes qui donnent vie aux traditions locales. Les employés municipaux peuvent eux aussi concevoir des initiatives à l’interne, notamment en organisant des festivals ou en offrant des locaux à des groupes œuvrant à la promotion du patrimoine culturel immatériel.

La culture immatérielle est un aspect fondamental de la façon dont nous vivons notre patrimoine, nous reliant à notre passé, à notre présent et à notre avenir. Au bout du compte, les municipalités possèdent les outils pour faire du patrimoine vivant une partie intégrante de leur communauté.

Agir au niveau municipal

Voici d’autres manières dont les municipalités peuvent appuyer le patrimoine culturel immatériel au niveau local :

  • Investir dans les artisans qui emploient des techniques traditionnelles
  • Promouvoir des activités qui font appel à des connaissances et un savoir-faire traditionnels
  • Collaborer avec les écoles pour sensibiliser les jeunes
  • Créer un inventaire qui définit, décrit et répertorie les pratiques culturelles traditionnelles locales
  • Offrir des bourses ou des prix aux personnes et aux groupes qui se consacrent au développement du patrimoine vivant
  • Appuyer les événements communautaires liés à la tradition orale, aux danses traditionnelles et aux traditions culinaires
  • Offrir des cours de musique traditionnelle

Au Québec, les municipalités ont également le pouvoir de conférer un statut juridique à des aspects du patrimoine culturel intangible afin de sensibiliser davantage la population à leur importance ainsi que de contribuer à leur promotion, leur sauvegarde et leur transmission aux générations futures.

Ouafa Azam participe à un atelier de fléché dans le contexte du projet « D’un écran à l’autre ». Ce projet rassemble des personnes d’origines variées autour de la création d’une œuvre cinématographique. Le film Tresser au présent, réalisé dans ce contexte, propose une réflexion autour du thème des identités multiples.
Ouafa Azam participe à un atelier de fléché dans le contexte du projet « D’un écran à l’autre », qui rassemble des personnes de diverses origines. Le film Tresser au présent, réalisé dans ce contexte, propose une réflexion autour du thème des identités multiples.
Photo: Laurence Messier-Moreau – Funambules Médias
Atelier de vannerie au Centre du patrimoine vivant de Lanaudière, au Québec.
Atelier de vannerie au Centre du patrimoine vivant de Lanaudière, au Québec.
Photo: Véronic Massé
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